Il y a des moments où tu vois des choses tellement racistes, tellement empreintes de haine, que ça finit par devenir "normal" dans ton esprit. Au point où tu en perds presque la vue. Ces remarques, ces jugements, ces comportements, au départ choquants, deviennent si répétitifs qu'ils se fondent dans ton quotidien, comme des morceaux d’une réalité amère à laquelle tu es contraint de t'adapter. Cette image, où l'homme arabe a les yeux obscurcis, nous montre cette perte de vision, cette difficulté à voir les choses telles qu'elles sont réellement lorsqu’elles deviennent une norme perverse.

Cette œuvre montre un homme arabe dont les yeux sont recouverts de blocs noirs, une métaphore puissante de l’aveuglement progressif face à l'injustice. Ces blocs symbolisent cette manière dont le racisme systémique et les discriminations finissent par se fondre dans le paysage, nous empêchant de voir le monde de manière claire, sans être influencés par des stéréotypes et des jugements injustes. C’est comme si chaque nouveau commentaire raciste ou chaque acte islamophobe nous fermait un peu plus les yeux, jusqu'à ce que la réalité soit masquée.

Je l’ai vécu, et beaucoup d’autres le vivent aussi : il devient de plus en plus difficile de réagir ou même de reconnaître ce qui est mal, parce qu'on se retrouve à vivre dans un environnement où la haine et la division sont devenues des éléments constitutifs de la normalité. Ce n’est plus choquant, c’est juste "là", comme si c’était une partie de la vie quotidienne. Mais à quel prix ? À force de se fermer les yeux, on oublie ce que c’est vraiment que de vivre sans avoir à être jugé sur ses origines ou ses croyances. On devient presque apathique à force de se voir constamment renvoyé à cette image déformée, réduite à des stéréotypes.

Dans l’image, l’homme arabe regarde droit devant lui, mais ses yeux sont barrés par ces blocs. Il est pris dans ce système, contraint de vivre dans un monde où il ne peut plus tout voir clairement. Ces blocs représentent l'impact du racisme omniprésent, qui altère la perception de la réalité et empêche d’y voir la beauté et la diversité qui nous entourent. L’homme semble conscient de cette cécité imposée, mais il est impuissant face à elle. C’est une réflexion sur la manière dont, à force de vivre avec l’injustice, on en devient presque aveugle à ce qui devrait nous choquer.