Quand tu es arabe et que tu vis en France, la multiplicité de personnalités devient presque une nécessité pour survivre. On doit constamment jongler entre plusieurs versions de nous-mêmes, en fonction du contexte, des personnes, des attentes sociales. On doit être l’homme que la société attend, mais en même temps, rester fidèle à soi-même, à ses racines, à cette culture arabe qui fait de nous ce que nous sommes.

L’image de cet homme arabe, dont le visage semble se fragmenter en plusieurs parties, symbolise parfaitement ce phénomène. Chaque facette représente une version différente de soi, une facette qui s’adapte à un monde souvent en contradiction avec qui nous sommes vraiment. À la maison, nous sommes cette personne, enracinée dans nos traditions, notre famille, notre culture. Mais dès que nous franchissons la porte, nous devons parfois devenir quelqu’un d’autre, selon les attentes de la société, ou du moins, jouer un rôle.

La société française impose parfois cette dualité, parfois inconsciemment, parfois ouvertement. Les stéréotypes, les jugements, les attentes vis-à-vis de ce que doit être un "bon" citoyen français se heurtent à nos origines. C’est comme une constante danse entre ces deux mondes : celui de nos racines et celui de l’intégration, celui de notre identité arabe et celui de la culture française dans laquelle nous évoluons. Cette tension crée une forme de multiplicité, où l’on vit à la fois plusieurs vies sans vraiment pouvoir les fusionner entièrement.

L’image, avec les visages qui se chevauchent, montre cette fragmentation, ce déchirement interne. C’est une lutte silencieuse, mais quotidienne. Quand on est arabe en France, il est difficile de se défaire de ces contradictions. On se sent souvent perdu, cherchant à se définir au milieu de ces multiples visages, de ces multiples identités. Mais il y a aussi une beauté dans cette dualité. Parce que vivre entre deux mondes permet de développer une capacité à s’adapter, à comprendre différentes perspectives, à puiser dans cette richesse culturelle pour avancer.

À travers cette image, je parle de cette nécessité de "changer de masque" en fonction des situations, mais aussi de l’énergie que cela prend. La multiplicité de personnalités n'est pas une fuite, mais une stratégie pour naviguer dans un monde complexe. Il faut apprendre à accepter cette fragmentation, à comprendre qu'elle fait partie de qui nous sommes, et qu’elle n’est pas un défaut, mais une forme d’adaptation. Ce processus est long et difficile, mais il fait partie du parcours pour s’affirmer pleinement.