Ce portrait représente une époque de ma vie où le reflet dans le miroir était devenu insupportable. Voir mon propre visage, me confronter à ce que je voyais, c'était comme regarder une version de moi-même que je ne pouvais plus supporter. Le miroir, autrefois un simple objet, est devenu une fenêtre vers une réalité que j'avais du mal à accepter. Dans cette œuvre, l'homme arabe est plongé dans un miroir brisé, la tête noyée dans l'eau, comme s'il était perdu dans sa propre image, obligé de fermer les yeux pour éviter d'affronter ce qu'il y voit.

À cette époque, chaque regard dans le miroir me forçait à fermer les yeux, car le reflet me renvoyait une image qui me semblait irréelle, trop dure à accepter. Ce n'était pas seulement une question d'apparence, mais de lutte intérieure. C’était comme si je me détestais à ce moment-là, que l'image de moi-même était devenue un fardeau trop lourd à porter. Le miroir n’était plus qu’un rappel de tout ce que je voulais ignorer. Le visage dans l’image, bien que calme et paisible, représente un combat intérieur contre cette image déformée que l’on a de soi-même quand on vit dans une période où la souffrance est plus forte que la paix intérieure.

Les éléments autour de la scène – le couteau, les objets brisés – renforcent cette idée de déstabilisation, de violence intérieure, de démantèlement. Tout cela était un reflet de ma perception du monde à ce moment-là. La paix extérieure, symbolisée par la position allongée et le calme du visage, contraste avec la violence du monde intérieur que j'avais du mal à accepter. Le miroir, loin d’être un outil de réflexion positive, est devenu un symbole de rejet, une représentation de ce que je ne voulais pas voir mais qui était inévitablement là, chaque jour.

Cette œuvre est donc une introspection sur la manière dont on perçoit son propre reflet dans des moments où l'on ne se reconnaît plus. Elle symbolise le déni de soi, ce moment où l'on ferme les yeux pour se protéger des vérités que l’on n’est pas prêt à affronter. Mais en même temps, elle invite à réfléchir sur le processus de guérison, sur la manière dont, à un moment donné, on doit finalement rouvrir les yeux et accepter cette image pour pouvoir avancer.

L’homme arabe dans cette œuvre devient une métaphore de ce cheminement intérieur difficile : celui de se confronter à son propre reflet, même quand il semble trop dur. Ce portrait est une invitation à reconnaître ces périodes de notre vie où nous avons l’impression de nous perdre, mais où, en réalité, nous commençons à comprendre qui nous sommes réellement, au-delà du miroir.