Dans la prison où j'étais, il y avait ces tuyaux massifs qui traversaient la couleur de l'enceinte. Ils étaient là, imposants, presque symboliques de la structure rigide qui nous emprisonnait. Je m'y rendais souvent, seul, à l'écart, comme pour chercher un moment de solitude dans un lieu où tout semblait constamment bruyant et oppressant. Ces tuyaux, froids et durs, représentaient un refuge étrange, un endroit où je pouvais être seul avec mes pensées. C'était un espace délimité, presque secret, qui me permettait de m'évader un peu du quotidien carcéral.

L'homme arabe dans cette image, assis près de ces tuyaux, incarne cette solitude. Son regard tourné vers l'extérieur, mais perdu dans ses pensées, représente ce moment où l'on cherche une échappatoire, même si on sait qu'il n'y en a pas vraiment. Le tuyau, bien qu’imposant et inéluctable, devient à la fois un refuge et une prison. C’est un symbole de ces moments où, même dans l’obscurité de la situation, on cherche à se retrouver, à respirer, même si ce répit est temporaire.

Ce lieu, froid et métallique, fait écho à ce que j'ai ressenti à l’époque : cette dualité entre l’envie de s’échapper et l’impossibilité de le faire. La solitude était omniprésente, mais en même temps, elle permettait de prendre un peu de distance, de se recentrer. La lumière douce qui se dégage derrière l'homme dans l’image symbolise ce petit espoir, cette lueur qui existe même dans les moments les plus sombres. Mais cette lumière reste lointaine, inaccessible, comme un rêve lointain qu'on ne peut atteindre.

Les tuyaux eux-mêmes symbolisent la rigidité de la vie en prison, le système imposé à ceux qui y vivent. Ils sont là, constamment présents, et pourtant on doit apprendre à les accepter, à les contourner. L'homme arabe ici ne fuit pas, il regarde, il accepte ce moment de solitude comme une partie de sa réalité. Ce n’est pas un moment de rébellion, mais un instant de réflexion, une pause dans un quotidien pesant. Il représente la résilience face à un environnement qui cherche à étouffer, mais qui, paradoxalement, devient aussi un espace d’introspection.

Cette œuvre parle de cette expérience : apprendre à vivre avec des contraintes invisibles, et comment parfois, dans l’enfermement, on trouve des moments d’apaisement. Mais ces moments sont rares et fragiles, comme la lumière qui se faufile à travers la cellule. Ils sont là pour rappeler que même dans les espaces les plus étroits, la possibilité de réflexion et de solitude existe. C'est ce que j'ai voulu capturer dans cette image : l'acceptation du cadre, tout en cherchant à y trouver une forme de liberté intérieure.